Le Mali est un grand pays
d'élevage. (effectif du cheptel : 8,385 millions de bovins, 10
millions d’ovins, 14 millions de caprins, 33 millions de volailles,
869.000 camelins et 393.000 équins). Cet élevage est confronté à
des problèmes sanitaires majeurs : des épizooties y sévissent
comme la fièvre aphteuse, la péripneumonie contagieuse bovine, les
charbons symptomatique et bactéridien, les pasteurelloses ovine et
bovine, la dermatose nodulaire contagieuse bovine, la peste des
petits ruminants, la variole aviaire et la maladie de Newcastle....
Et le cheptel est aussi
très touché par les parasites, notamment les parasitoses
gastro-intestinales et les parasitoses sanguines dont les
trypanosomes.
Des
programmes de prévention et de lutte contre les maladies ci-dessus
citées sont élaborés et mis en œuvre par les Services
Vétérinaires en collaboration avec les vétérinaires privés.
La
chimiothérapie et la chimioprévention sont largement utilisées
dans la lutte contre les maladies animales. Les médicaments
vétérinaires utilisés couramment dans le traitement des maladies
animales sont les antibiotiques (essentiellement les
oxytétracyclines), les trypanocides (diminazène et isométhamidium),
les produits contre les parasitoses gastrointestinales (albendazole,
oxfendazole) et les ectoparasitoses (ivermectine, cypermétrine et
amitraz).
Pour tenter de mieux
contrôler l'importation, la distribution et l'utilisation de ces
produits vétérinaires au Mali, un ensemble de lois assez récentes
et semblables à ce que l'on peut trouver en France a été voté.
( - Décret
N°66/PG-RM du 11 Mars 1985 fixant la nomenclature des médicaments
essentiels pour la protection sanitaire du Mali.
Loi N°01-062 du 04
Juillet 2001 régissant la pharmacie vétérinaire.
Décret N°01-341/P-RM
du 09 Août 2001 fixant les modalités d'application de la loi
N°01-062 du 04 Juillet 2001 régissant la pharmacie vétérinaire.
Décret
N°01-232/P-RM du 06 Juin 2001 instituant un visa des produits
pharmaceutiques.
Arrêté
interministériel N°02-1253/MDR-MS-SG du 06 Juin 2002 fixant le
détail des modalités d'ouverture et d'exploitation des
Établissements pharmaceutiques vétérinaires.
Arrêté
interministériel N°05-2440/MS-MEF-MEP/SG du 12 octobre 2005 fixant
le taux et les modalités de recouvrement du droit fixe relatif aux
AMM des médicaments à usages humains et vétérinaires.
Arrêté
interministériel N°05-2203/MS-MEP-SG du 20 Septembre 2005
déterminant les modalités de demande des AMM des médicaments à
usages humains et vétérinaires.
Décret
N°04-557/P-RM du 01 Décembre 2004 instituant l'AMM des médicaments
à usages humains et vétérinaires.)
En théorie,
les médicaments vétérinaires et tout ce qui les concerne sont donc
très bien encadrés.
Mais en
pratique : il existe de très nombreux problèmes pour appliquer ces
lois :
Tout
d'abord, les textes législatifs ne sont malheureusement pas bien
connus par ceux qui devraient contribuer à leur application.
Il y a
ensuite un manque de moyens important des services vétérinaires,
aussi bien en personnel, qu'en matériel qu'en moyens financiers. Il
leur est donc difficile de réaliser tous les contrôles nécessaires.
Par ailleurs, la DSV n'a pas vraiment d'autorité sur les privés.
S'ils constatent une infraction ils ne peuvent que rarement prendre
les mesures pénales nécessaires.
De plus,
l'ordre des vétérinaires au Mali est un ordre mixte, qui regroupe
les ingénieurs d'élevage et les Dr vétérinaires. Ce n'est pas un
ordre qui est fort à l'heure actuelle, ce qui rend la lutte contre
l'exercice illégal de la médecine vétérinaire difficile.
Les
nombreuses centrales d'achat au Mali ( Siprovet, Pharma vet Koné,
Pharma vet keïta, medi vet, pro veto, malivet, canalvet, sahel véto)
ont à leur tête en général soit un docteur vétérinaire, soit un
ingénieur d'élevage. Ils vendent au général mais aussi au
détail.
Il en
résulte que la distribution du médicament vétérinaire au Mali est
faite dans le plus grand désordre, y compris par des personnes sans
la moindre qualification.
La
plupart des pharmacies vétérinaires ne sont pas tenues par des
docteurs
vétérinaires, mais par des ingénieurs en sciences appliquées.
Par
ailleurs de nombreux empiriques usurpent le titre de vétérinaire.
La
concurrence est effrénée et souvent illégale :
-un
réseau parallèle de médicaments importés illégalement, souvent
de mauvaise qualité voir faux, et vendus dans les nombreuses
pharmacies parterres,
aux marchés, à des prix défiants
toute concurrence s'est développé. Il nuit aux pharmacies
vétérinaires qui vendent les produits ayant reçu l'AMM et ayant
été importés légalement.
-Les
grossistes-importateurs vendent illégalement au détail leurs
produits, a des prix inférieurs à ceux que pratiquent les ayants
droits, représentant ainsi une concurrence déloyale.
-De simples
commerçants pour leur part vont parfois effectuer des importations
massives de médicaments sans AMM et de qualité douteuse,
représentant une concurrence aux grossistes importateurs.
Quoi qu'il
en soit, les médicaments sont la plupart du temps utilisés en
première intention directement par les éleveurs, et souvent à
contre emploi. Il n'y a quasiment jamais de prescription.
Les délais
d'attente pour le lait et la viande ne sont en pratique jamais
respectés. On évite parfois même de les mentionner, car pour les
éleveurs, s'il faut jeter le lait ou attendre pour la viande, le
produit n'est pas bon.
La situation
n'est donc pour le moment vraiment pas satisfaisante, voir même
alarmante tant pour la santé animale qu'humaine. Mais les choses
vont peut être s'améliorer avec les réformes engagées dans le
cadre de l'UEMOA :
Le
Mali appartient à l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine, qui compte le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso,
le Togo, le Bénin, le Niger, la Côte d'Ivoire et la Guinée
Bissau).
Dans
les états membres, le
secteur du médicament vétérinaire a été libéralisé.
Cette évolution augmente le risque que les intrants vétérinaires,
qui sont à la fois des facteurs de production (enjeux de
développement) et des médicaments nécessitant un usage approprié
(enjeux de santé publique), circulent dans des conditions ne
garantissant pas leur qualité.
La
faiblesse des moyens des États membres pris individuellement, a
nécessité la mise en place d'un schéma
d'harmonisation et de gestion régional pour prendre en compte tous
les aspects liés à la surveillance et au contrôle de la qualité
des médicaments vétérinaires.
Ainsi
la Commission de l'UEMOA a engagé avec l'appui de ses partenaires
(OIE, ANMV) une réforme sur l'harmonisation de la réglementation
pharmaceutique vétérinaire dans l'espace de l'Union, qui a abouti à
l'adoption d'un ensemble de textes communautaires. Cette réforme est
fondée sur l'attribution à la Commission
de l'UEMOA du pouvoir de décision en matière de réglementation,
d'AMM et d'organisation du contrôle de la qualité des médicaments
vétérinaires. Les États membres conservent la responsabilité du
contrôle de l'importation, des établissements pharmaceutiques
vétérinaires, de la distribution des produits et du contrôle
effectif de leur qualité.
Cela va-t-il
aider le Mali a avoir un meilleur contrôle et une meilleure maîtrise
sur la distribution des médicaments vétérinaires ?
En tout cas,
les problèmes sont identifiés et connus par le Mali.
Ci dessous : photo appartenant à SPANA, illustrant les mauvaises pratiques de transport des animaux.